Démantèlement du camp de Téteghem : Jean-Pierre DECOOL interpelle le Ministre de l'Intérieur
Le 18 novembre dernier, le camp de migrants de Téteghem était démantelé. Priés de quitter les lieux, les migrants ont été rapidement emmenés dans des centres d’accueil pour un suivi social et sanitaire. Jean-Pierre DECOOL s’était félicité de cette décision, saluant l’efficacité de l’opération menée par les forces de l’ordre.
Il a toutefois constaté, dès le lendemain, que de nombreux migrants avaient quitté les centres pour revenir sur le camp, cherchant désespérant à gagner l’Angleterre. Soucieux d’assurer le suivi de ce dossier au plus près, ce mercredi 25 novembre, Jean-Pierre DECOOL a interpellé sur ce sujet Bernard CAZENEUVE, Ministre de l’Intérieur, lors de la séance de questions d’actualité au Gouvernement.
Jean-Pierre DECOOL a très clairement relayé les questions et doléances des habitants du Dunkerquois, demandant tout d’abord au Ministre de renforcer les moyens pour que les migrants ne puissent pas quitter les centres sans avoir fait l’objet d’un suivi. Il a ensuite interrogé le Ministre sur la responsabilité de la Grande-Bretagne dans la prise en charge des migrants.
Le Ministre de l’Intérieur a rappelé en trois points successifs les différentes actions menées par ses services depuis le début de l’année. A la grande déception de Jean-Pierre DECOOL, Bernard CAZENEUVE n’a toutefois pas répondu précisément sur les interrogations formulées. Aucune annonce de moyens supplémentaires pour garder les migrants dans les centres, aucune allusion sur rôle de la Grande-Bretagne. Une réponse très incomplète donc, dont Jean-Pierre DECOOL ne se satisfait pas. Il a, semble-t-il, mis le doigt sur un problème que le Ministre a préféré, pour l’heure, éluder.
Par conséquent, Jean-Pierre DECOOL ne manquera pas de réinterroger le Ministre sur ces deux questions qui attendent et méritent des réponses !
Compte-rendu de la séance
M le président. La parole est à M. Jean-Pierre Decool, pour le groupe Les Républicains.
M. Jean-Pierre Decool. Monsieur le Ministre, Le 16 septembre dernier, dans ce même hémicycle, je vous interpellais sur la situation douloureuse des communes du littoral dunkerquois, face à l’augmentation du nombre de migrants. Quant aux passeurs, ils avaient fait des camps, de Téteghem et Grande Synthe, de véritables zones de non-droit.
Je tiens à souligner et saluer la réponse courtoise et constructive que vous aviez donnée. Prenant toute la mesure de la situation, vous avez, par ailleurs, reçu une délégation d’élus en votre Ministère pour échanger et envisager ensemble des solutions aux problèmes évoqués.
Les mesures promises ont été mises en œuvre. Depuis septembre, de nombreux passeurs ont été arrêtés. Mercredi dernier, le camp de Téteghem a été démantelé. Les 248 migrants qui s’y trouvaient ont été emmenés dans des centres d’accueil : ceux relevant du droit d’asile, dans les Landes, l’Allier, et la Haute-Savoie ; les autres n’en relevant pas, ont été accueillis dans le Nord.
L’opération, bien menée, n’a cependant pas bénéficié d’une suite satisfaisante. En effet, une semaine après leur transfert, une trentaine de migrants, seulement, sont restés dans les centres d’accueil. Sur 248, c’est vraiment très peu.
La grande majorité d’entre eux est revenue sur le littoral dunkerquois où, désespérés, ils cherchent à rejoindre l’Angleterre. C’est leur unique obsession. Pouvez-vous, Monsieur le Ministre, prendre des mesures plus fermes afin que les migrants ne puissent pas quitter les centres d’accueil tant qu’une solution durable n’aura pas été trouvée pour eux ? Cela permettrait, en outre, de leur assurer un accompagnement sanitaire et social qu’à ce jour, ils acceptent mal.
Monsieur le Ministre, il nous faut aussi répondre aux inquiétudes de nos concitoyens qui s’interrogent sur l’attitude de nos voisins britanniques. Les migrants ont cette obsession de rejoindre l’Angleterre, les autorités anglaises ont annoncé leur volonté d’accueillir des migrants. Or, nous n’en voyons pas les effets ! A ce jour, qu’en est- il ? La Grande-Bretagne respectera-t-elle ses engagements ?
M. le président. La parole est à M. le ministre de l’intérieur.
M. Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur. Monsieur le député Decool, d’abord je veux saluer à mon tour la qualité des relations qui se sont nouées entre mon Ministère et les élus du Dunkerquois. Je vous confirme mon souhait de me rendre à Dunkerque. J’avais prévu de le faire avant les événements du 13 novembre, mais je m’y rendrai prochainement.
Quelle est la politique que nous menons à Dunkerque comme à Calais ? Elle est lisible, elle est claire et elle se poursuivra. D’abord, la lutte déterminée contre les filières de l’immigration irrégulière. Alors que 4 filières avaient été démantelées en 2014, ce sont 25 filières qui ont été démantelées depuis le début de l’année 2015, représentant près de 700 personnes qui ont été arrêtées, mises en garde à vue et dont la situation a été la plupart du temps judiciarisée.
Deuxièmement, nous voulons procéder à l’éloignement de ceux qui ne relèvent pas du statut de « réfugié » en Europe. Parce que si nous voulons pouvoir avoir, dans des conditions de sécurité qui doivent être renforcées, une politique d’asile conforme à la réputation de notre pays, il faut pouvoir reconduire à la frontière des déboutés du droit d’asile et ceux qui ne relèvent pas du statut de demandeur d’asile ou du statut de réfugié en Europe. C’est la raison pour laquelle il y a des dispositions qui sont prises par le gouvernement pour procéder à ces reconduites. Ces dispositions sont d’ailleurs parfois fort décriées par un certain nombre d’acteurs politiques ou associatifs, mais cette fermeté s’impose. Cette politique se poursuivra sinon il n’y aura pas de soutenabilité de la demande d’asile.
Troisièmement, ceux qui relèvent de l’asile, 1400 à peu près à Calais et dans le Dunkerquois, ont vu leur accueil en centre d’accueil pour demandeurs d’asile favorisé. Et nous avons procédé pour ceux qui sont en cours de demandes d’asile et pour lesquels il n’y a pas de place en CADA, leur répartition dans des centres d’accueil et d’orientation. C’est votre souhait que nous poursuivions cette politique. C’est le souhait de la maire de Calais qui est de votre sensibilité. D’autres dans votre groupe demandent d’arrêter toute répartition sur le territoire national, je veux simplement vous indiquer que nous poursuivrons cette politique parce que c’est la seule possible si nous voulons avoir à la fois de l’humanité et de la fermeté.
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